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Reconquérir notre souveraineté, par Benoît Dumoulin

Chooz Nuclear Power Plant

En visite d’État aux Pays-Bas le 11 avril dernier, Emmanuel Macron a longuement plaidé en faveur de la souveraineté économique de l’Europe face aux États-Unis et à la Chine. Le propos ne manque pas de sel quand on se souvient du rachat par l’américain General Electric de la branche énergie du groupe Alstom en 2014, sous l’égide d’un certain Emmanuel Macron alors ministre de l’économie. L’affaire fit grand bruit dans la mesure où elle conduisit à remettre entre les mains du géant américain un fleuron de l’industrie française qui assurait alors la maintenance des centrales nucléaires et la fourniture de turbines pour nos réacteurs nucléaires. Un enjeu de souveraineté qui aurait exigé – a minima – que l’État interdise la vente comme avait tenté en vain de le faire Arnaud Montebourg en mai 2014 avant de démissionner du gouvernement. Le même Arnaud Montebourg demande aujourd’hui à l’État, sur la base du décret que lui-même avait rédigé pour interdire la cession d’Alstom Power à GE en 2014, de s’opposer au rachat de l’entreprise Segault par l’américain Flowserve Corporation. Située dans l’Essonne, l’entreprise Segault, forte de 80 salariés, fournit de la robinetterie à Naval Group pour la chaufferie des sous-marins nucléaires français et du porte-avions Charles-de-Gaulle, ainsi que pour les centrales nucléaires. Si cette entreprise passait sous contrôle américain, il en serait fini de l’indépendance de notre filière nucléaire tant civile que militaire. L’ancien ministre propose également, en association avec le fonds Otium Capital, la rachat de cette PME, à travers la création d’un fonds souverain privé – belle oxymore ! – qui se donne pour objectif de défendre la souveraineté agricole et industrielle de la France. « Nous ne pouvons accepter que des informations concernant les technologies utilisées par nos sous-marins nucléaires soient potentiellement transmissibles à un gouvernement étranger » affirme Arnaud Montebourg, en référence au Patriot Act promulguée en 2001 qui « permet au gouvernement américain de demander à toute entreprise américaine, sans aucune autorisation judiciaire ni la moindre motivation, n’importe quelle information dans le cadre d’enquêtes unilatérales et hors de tout contrôle ». En 2020, Frédéric Pierucci, ancien cadre d’Alstom, avait tenté de réunir des investisseurs français pour racheter à General Electric le pôle nucléaire d’Alstom mais sa démarche n’avait pas abouti. Espérons que celle d’Arnaud Montebourg puisse aller jusqu’à son terme et que l’État français se montre, cette fois-ci, à la hauteur des enjeux !

Article publié dans France Catholique n°3810, p.7.