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Immigration : une nécessaire régulation – Guillaume de Prémare

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C’est un belle chose, pour une communauté nationale, de savoir se montrer charitable, non seulement avec les siens, mais aussi avec les étrangers qui s’installent sur son territoire. À cet égard, la France compte probablement parmi les pays les plus généreux ; et le peuple français est, à mon avis, parmi les moins grégaires de tous les peuples du vaste monde. Le peuple Français a beau être accueillant en raison de son tempérament et de son histoire, il est toutefois aujourd’hui très majoritairement opposé à la poursuite d’une immigration de masse. Cet état de l’opinion publique est lié à quatre facteurs principaux : le lien entre le niveau
d’immigration et le niveau de délinquance ; le déficit d’intégration culturelle d’une partie importante des populations issues de pays extra-européens ; la forte progression d’un islam identitaire ; et enfin la crise de financement de notre modèle social. Dans ce conditions, il est normal que la question de
l’immigration prenne de la place dans le débat public. Dans un entretien donné le jour de Pâques à KTO, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a exprimé son point de vue sur ce sujet : « Je crois qu’il faut oser dire que le phénomène de l’immigration ne va pas s’arrêter. Ne fut-ce qu’à cause des changements climatiques, l’immigration, il y en aura. Donc, comment est-ce qu’on accueille, comment est-ce qu’on aide à l’intégration, comment est-ce qu’on peut ensuite créer une société apaisée, unie et fraternelle ? C’est un immense défi qu’il ne faut pas nier. » Et le président de la Conférence des évêques de France ajoute :
« Mais je crois que, de ce point de vue-là, ceux qui se bercent d’illusion sont ceux qui essaient de nous faire croire qu’on va pouvoir arrêter l’immigration. Le pape nous aide à être extrêmement réaliste et à nous préparer à un dispositif pour pouvoir accueillir, de la manière la plus juste et la plus efficace possible, ceux qui, de manière plus ou moins inévitable, viendront ; de manière à créer une société solide, forte et fraternelle. » Certainement, il y aura toujours des flux migratoires et la pression va s’accentuer. Cependant, cela signifie-t-il que ces flux ne puissent faire l’objet d’une régulation et d’un certain niveau de maîtrise ? Plusieurs pays de l’Union européenne ont mis en place avec succès une politique de restriction des flux migratoires. Le dernier en date est le Danemark, qui a révisé en profondeur sa politique
d’immigration, d’une part en réduisant de manière importante le nombre d’entrées, d’autre part en appliquant un programme exigeant d’intégration. Il ne s’agit pas ici d’immigration-zéro – toute personne sérieuse sait que c’est impraticable – mais de restreindre le nombre. D’autre part, il me semble important de souligner que ce serait une illusion de croire qu’il sera possible de créer une société unie, fraternelle et paisible sans maîtriser l’immigration. Je pense donc que ce serait une erreur de partir du principe qu’il est impossible de mettre en œuvre une politique migratoire définissant un certain niveau de restrictions ; ou alors nous allons au-devant, non pas d’une société fraternelle, mais d’une société multi-conflictuelle qui explosera. Nous avons besoin, pour cela, d’une véritable volonté politique. À mon avis, c’est de ce côté que penchent le réalisme, la sagesse, la raison et la modération.

Guillaume de Prémare

Chronique Radio Espérance du 11 avril 2023